Interview : Danny Goffey

C’est à l’occasion de la sortie de son album Schtick, que nous avons eu la chance de rencontrer Danny Goffey, ex leader du groupe Supergrass qui depuis a lancé sa carrière solo.

De retour depuis quelques semaines avec un nouvel opus pop très efficace, nous avons eu la chance d’échanger avec lui et d’évoquer plusieurs sujets tels que l’album, l’industrie musicale actuelle, le clip vidéo de Sick Holliday et bien plus encore.

Chris : Certains d’entre nous vous connaissent grâce à Supergrass. Quelles ont été les raisons de votre séparation ?

Danny : Après avoir réalisé six albums, on avait l’impression d’avoir fait le tour de la question et on avait envie d’avancer, d’aller vers autre chose. Mais possible qu’un jour on se retrouvera.

Chris : Avec Supergrass, vous avez créé une sorte d’hymne pour la jeunesse. Je parle bien entendu du tube Alright qui continue d’être très populaire aujourd’hui. Comment savoir quand un titre va devenir un carton et d’autre non…

Danny :  Tu ne sais pas. C’est juste une question de bon timing, mais il n’y a pas de formule ou de logique.

Chris :  Et avec un tel succès pensez-vous qu’il soit difficile de revenir ensuite en tant qu’artiste solo. Avez-vous ressenti une certaine pression ou pas ? Dites-vous que ce qui est fait, est fait et ensuite on passe à autre chose ?

Danny :  Non pas de pression du tout lorsque nous sommes en studio à écrire de nouvelles chansons. Vous ne ressentez aucune pression et ce jusqu’à ce que vous soyez obligé d’en parler lors d’interviews où l’on vous demande d’analyser vos titres. Je me dis que Alright était un cadeau extraordinaire qui nous a donné une carrière et de l’argent au point de nous rendre heureux pendant très longtemps.

Chris :  De retour à vous en tant qu’artiste solo. Cette fois avec Schtick, Ce qui a changé entre votre précédent album et celui est le fait d’avoir repris votre nom complet. Pourquoi ce changement ?

DannyJe ne sais pas vraiment. Peut-être parce que mon groupe changeait et je n’étais pas sûr que ça allait coller avec groupe cette fois-ci. Et donc j’ai pensé que c’est peut-être plus facile d’avoir mon propre nom. Et cet opus, c’est avant tout moi et puis peut-être que je peux ainsi changer un peu les membres du groupe et les gens qui jouent avec moi plus facilement si j’en ai l’envie. Au pire des cas je peux m’en amuser et pourquoi pas créer par exemple… Danny Goffey et les télescopes.

Chris : Pouvez-vous nous en dire plus sur la création de Schtick ?

Danny : J’ai fait l’album tout seul avec un avec un producteur qui s’appelle Simon Byrt. Nous avons passé quelques semaines en studio puis je créais des chansons aussi à la maison en général sur Garage Band. Cela offrait une structure aux chansons, une forme de démo. Puis nous allions dans le studio créer les chansons à la guitare acoustique. Là dessus, j’ajoute la batterie, puis la basse et enfin la guitare rythmique et si ça marche, nous obtenons une chanson structurée. On s’assure que cela fonctionne bien. Et puis j’avoue les voix en studio ou alors je rentre à la maison et je fais les derniers chants chez moi. Avec cet album je voulais vraiment que ça sonne comme un groupe en live et que tout soit joué en live. Même si cela a été fait par étape, je souhaitais un son « cru » C’était l’idée. Donc voilà. Comme le faisait Prince

Chris : Qui a créé la pochette de l’album qui est plutôt bbizarre. Y-a-til un message derrière cette dernière ?

Danny :  Bizarre? C’est un artiste très connu qui s’appelle Jonathan Yeo. Il fait beaucoup d’œuvres d’arts vraiment incroyables, il est portraitiste. Peintre. Il a eu des expositions à la National Portrait Gallery. Il a actuellement une sorte d’expo centrée sur la réalité virtuelle. On s’est rencontré, on a bu… Nous étions très saouls une nuit et alors qu’il me parlait de son travail qui me semblait intéressant, je lui ai dit qu’il devrait faire la pochette de mon album et il a répondu « Oui ». Quelques mois plus tard je l’appelle et lu rappelle qu’il doit faire la pochette et il est toujours ok. Nous sommes donc allés dans le studio Pangilinan qui est comme une sorte d’endroit où les artistes prennent une sorte de photo surround avec beaucoup de caméras. Je me retrouve donc là bas, torse nu Et ils font de la 3D numérique de moi, une sorte de photo numérique. Et alors que le travail est à moitié terminé, loin d’être parfait Jonathan a vraiment aimé l’aspect étrange et a dit que c’était cool ainsi. C’est bon. Donc, c’est comme une relique futuriste du passé. Oui. Bizarre c’est bien dit en fait. Ouais.

Chris :  En parlant de choses étranges, votre clip pour Sick Holiday est un peu fou. Est-ce une idée de vous ou des idées d’autres personnes.

Danny :  Ouais non je ne pense pas que cela avait déjà été fait avant. Je ne l’ai jamais vu auparavant personnellement. la chanson parle d’un groupe de personnes partant pour un week-end fou et cela donne une sorte de conte emprunt de moralité. Ils travaillent dure pour se faire de l’argent, ils s’en vont s’amuser, puis en plus ils sont très hédonistes, et finalement perdent tout au point de ne plus avoir d’argent pour rentrer. Je me suis dit que cela serait peut-être plus intéressant d’avoir des hommes d’âge moyen qui s’échappent de leur travail quotidien et qui se contentent d’aller dans la rue. Et c’est tellement artistique, mais fou en même temps

Chris :  Avez-vous déjà une idée du prochain single ou avez-vous déjà débuté le travail sur le prochain album ?

Danny :  Je ne sais pas vraiment ce que sera la suite, mais je pense que le titre Anciant text pourrait sortir. Nous avons fait une vidéo en Inde. Récemment nous avons fait deux concerts en Inde et mon frère qui est un très bon réalisateur, a fait beaucoup de vidéoclips est venu avec moi et une petite caméra basique. Là, nous avons fait de petites vidéos bon marché du style « simplement se promener à Bangalore Mumbai ». Possible que l’on utilise ceci. Pour le nouvel album, je travaille sur des chansons tout le temps.Justement, j’étais en train de travailler sur une chanson 10 minutes avant votre arrivée et qui s’appelle « Sun in the shade« . « She likes the sun I like the shade Don’t ask me why it’s just the way that we’re made »

Chris : Parfois une simple idée et…

Danny :  Tout le temps. J’écris toujours des notes ou je fais des mémos vocaux sur mon téléphone. J’en ai environ un millier. Alors, quand je me sens vraiment inspiré, je vais les parcourir tous et je continue. Pas de repos pour les sauvages.

ChrisNous allons maintenant parler de l’industrie musicale. Cela a tellement changé depuis que vous avez commencé en tant que groupe et en tant qu’artiste solo puisque le monde bouge vraiment très vite. Aimez-vous l’état actuel des choses ou êtes-vous nostalgique de ce que vous avez connu?

DannyJe suis un peu nostalgique de la simplicité des choses passées. Je pense que à mes débuts, il y a avis les livres, le cinéma et la musique. Rien de plus et il y avait de l’excitation à chaque nouvelle chose. Aujourd’hui c’est plus difficile, car il y a une variété incroyable de choses et des nouveautés en permanence si bien que c’est plus difficile de s’exciter sur une chose particulière. Je ne sais pas si les gens écoutent encore de la musique ou simplement des bouts ici et là en fait. C’est vraiment compliqué. Oui, je trouve cela plus compliqué ces temps-ci et je pense qu’il y a tellement de possibilités de se sentir étrange maintenant. Par exemple aujourd’hui les jeunes créent des choses, placent le tout en ligne et parfois il y a l’effet boule de neige. Ce n’est pas toujours calculé et c’est surprenant. Moi, j’essaie juste de me retrouver dans tout ça, d’être partout. Cela prend énormément de temps. Maintenant vous devez avoir du contenu, vous devez être en permanence vu et entendu et ce avec de nouvelles idées. J’ai eu ce genre d’idée par exemple de faire peut-être une chanson par mois. Genre, je crée un titre, je collabore et je publie rapidement et ce chaque mois, mais cela demande incroyablement d’énergie. En même temps, être non-stop occupé, c’est ce qui te permet de continuer. Si on se contente de s’asseoir, je pense que l’on a tendance à devenir fou

Chris :  Et lorsque nous regardons en arrière, seuls quelques artistes d’aujourd’hui sont encore là et ceux qui restent sont parfois en difficulté parce que les jeunes aujourd’hui on a tendance à nous vieillir rapidement, à nous déclaré dépassé une fois passé trente ans. Pensez-vous que cela soit vraiment compliqué pour les gens d’aujourd’hui d’exister passé la trentaine.

Danny :  Je ne sais pas parce que ce serait vraiment triste. Je ne pense pas qu’il y ait des règles. Tu sais, je pense que si ta musique est assez bonne et que tu fais des choses qui parlent aux gens…. Alors ça fonctionne. Peut-être que si tu essaies toujours d’être jeune, cela se ressent et peut même être angoissant. Je venais de finir une partie de mon album et un soir, je suis rentré et je me suis simplement dit… J’en ai fini d’essayer d’être jeune. J’assume qui je suis, je fais ce que j’aime et puis vieillir n’est pas une tare. Soyez tranquille, soyez vieux et soyez gracieux Mais. Tu sais. C’est bien d’apprendre à être vieux et de ne pas être jeune pour toujours et les jeunes devraient comprendre ça.

Chris :  Est-ce que une tournée est prévue dont une date parisienne ?

Danny :  Je n’ai pas encore fixé rendez-vous à Paris mais quelques festivals, oui. J’aimerais faire d’autres concerts ici. Je suppose que nous allons attendre et voir ce qui se passera avec l’album. Si ça va bien. J’adore être à Paris. J’étais ici en novembre dernier où nous avons fait un spectacle à la philharmonie avec Ed Harcourt, Pete et Carl des Libertines et quelques autres personnes. Nous avons passé une semaine à la philharmonie. Ce qui était vraiment amusant. 

Chris :  Une dernière chose puisque la guitare est là… Accepteriez-vous de nous jouer un petit quelque chose ?

Danny :  Bien entendu.

Chris : Merci beaucoup

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