MADAME – Critique

MADAME

7.4

Réalisation

8.0/10

Bande-origiale

6.5/10

Voix-off

7.0/10

Scénario

8.0/10

Les pour

  • Un documentaire necessaire
  • La relation grand-mère/petit-fils


Twitter : #MADAME @OutplayFilms

Réalisateur :  Stéphane Riethauser

Casting : Stéphane Riethauser, Caroline

Durée : 1h33

Date de sortie : 18 mars 2020

Stéphane Riethauser est un réalisateur genevois dont la vie se détaille dans son dernier film « MADAME« . Cette Madame justement, c’est sa grand-mère, appelée Caroline qui entretient une relation particulière avec son petit-fils. Un choc de générations qui vont pourtant se retrouver et se confier : les problèmes ne sont plus les mêmes, les idées évoluent et nous, simples spectateurs, sommes portés par ce récit intimiste d’une vie d’antan et actuelle.

Ce ne sont pas des acteurs que nous découvrons, mais bien d’authentiques morceaux de vies assemblés les uns aux autres, filmés par le cinéaste de son plus jeune âge à aujourd’hui. La voix-off de celui-ci saupoudre le tout comme un documentaire ou la biographie d’une célébrité, mais en réalité ce film aborde des sujets biens ancrés dans notre société. C’est la question de l’identité de genre qui est au coeur de ce documentaire dans une vie où la différence n’est pas acceptée.

Les propos tenus sont parfois chocs, ils résonnent encore aujourd’hui : des insultes envers la communauté LGBT, des insultes biens trop présentes au point que le réalisateur lui-même se donnait à coeur joie pour les lancer à tout va, comme si c’était normal. À une époque, c’était normal. C’est bien là la force de ce documentaire, on ne cesse de comparer avec ce que l’on connait aujourd’hui. Heureusement, nous avons fait du chemin, chaque époque a ses rebelles à l’image de Caroline qui rêve de changer le monde et de ne surtout jamais se laisser marcher sur les pieds, préférant la couleur qu’elle aime tant dans ses peintures.

Stéphane Riethauser montre bien à travers sa caméra et ses archives, que la puissance patriarcale était si forte que même lui en venait à parler d’une « troupe de folles » pour décrire la Gay Pride, à connoter le Sida comme une maladie gay ou parler d’un « placard de la honte » dès qu’une idée homosexuelle lui traverse l’esprit, alors qu’il n’y a rien de plus naturel. C’est une double vie qu’il mène, celle d’un soit disant garçon modèle, celle que la société attend d’un jeune homme, mais pas la sienne.

Pourtant, un jour, il a compris que ce n’était pas lui, que la définition de la société n’en était pas une, qu’elle ne lui convenait pas. Les images sont percutantes et la musique aide a porter ce récit d’une façon agréable tout en nous rappelant régulièrement la véracité de cette histoire. Il y a un esthétisme d’anciennes cassettes plutôt particulier, dont on peut avoir peur au premier abord, mais qui s’efface très vite tant c’est bien monté et que ça s’enchaîne avec une fluidité certaine.

Nous partons des idées préconçues de la société pour finir par une liberté totale, une acceptation de soit qui prouve qu’un tel documentaire est plus que nécessaire. C’est une prise de conscience pour le cinéaste qui peut aussi se transmettre par les émotions de sa relation avec sa grand-mère : une idée percutante qui fait écho à plusieurs générations.

Rendez-vous le 18 mars 2020 pour découvrir MADAME !

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