Avignon 2025 : Raphaël fouille le programme… et tombe sur une pépite !
Chaque année, c’est le même frisson : quand le programme du Festival d’Avignon tombe, on scrute, on surligne, on rêve déjà de ce qu’on ira voir. Et cette fois, Raphaël s’est plongé dans cette jungle théâtrale avec l’enthousiasme d’un explorateur.
Entre les grands classiques revisités, les créations engagées et les performances un peu barrées (il y en a toujours !), un nom a retenu son attention. Sobre. Intrigant. Puissant.
“Douze”.
« Si de notre bouche, à compter de demain / Plus rien ne sortait que des alexandrins / Les relations humaines perdraient en vitesse / Ce qu’elles gagneraient par la délicatesse. »
Cette citation issue du seul-en-scène Douze de Jean-Pierre Brouillaud reflète sa vision de la poésie : un art qui, par la rigueur des alexandrins, devient un vecteur de paix et d’émancipation personnelle et collective.
Pendant plus d’une heure, il accomplit la prouesse de ne parler qu’en alexandrins : chaque vers est millimétré : douze pieds, pas plus, pas moins. Accompagné par son fils à la guitare, sa voix est douce et reposante, et son vocabulaire riche et méticuleux est une véritable ode à la poésie. Pour cela, il emprunte des textes à Louis Aragon et à Alphonse de Lamartine, mais expose également ses propres créations.
Au travers de ses rimes, on perçoit une réflexion sur la société, engagée pour des valeurs humanistes et d’entraide. Il met alors en scène des extraits du quotidien, avec un conducteur, un rappeur, un bébé ou un timide, confrontés à des situations où la poésie transforme leur vision du monde. Et s’exprimer en alexandrins n’exclut pas la vulgarité : Jean-Pierre Brouillaud exploite l’ensemble du vocabulaire, même le plus cru, ajoutant un ton comique grâce à la rupture entre ce qu’il dit et la manière dont il le dit.
Parfois, il ne faut pas chercher à tout comprendre. Ressentir les émotions provoquées par les mots que l’on entend peut être l’essentiel d’une vie paisible et heureuse. Le langage a une place importante dans notre réflexion et dans le développement d’un jugement critique, qui s’efface petit à petit dans notre société remplie de désinformation et d’infobésité. Alors, Jean-Pierre Brouillaud revient aux sources, incitant à la lecture et à l’écriture de poésie.
Retrouvez Douze à la Maison de la Parole à 14 h 45 (relâche les jeudis). Une pièce créative, douce et inspirante, qui, à coup sûr, vous remplira le cœur d’une multitude d’émotions !
Artice de Raphaël H.
Crédit Photo : Marius Degardin
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