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Titre VO :
Réalisateur : Peter Dourountzis
Acteurs : Sami Bouajila, Mallory Wanecque, Jean‑Pierre Darroussin, Valérie Donzelli, Andréa Bescond, Stefan Crepon
Durée : 1 h 44 min
Date de sortie en France : 2 juillet 2025
Il est parfois bon de rappeler que le cinéma français n’a pas dit son dernier mot. Trop souvent jugé mou ou nombriliste, il est pourtant capable de fulgurances, de prises de risques, de récits qui frappent juste. Rapaces, le nouveau long-métrage de Peter Dourountzis, en est une preuve éclatante.
Le film débute là où on ne l’attend pas forcément : au cœur de la presse à sensation. Une plongée dans les arcanes d’un journalisme prêt à tout, jusqu’au pire, pour décrocher un scoop. Mais rapidement, ce qui aurait pu rester une simple critique de société se mue en un thriller nerveux et tendu, un jeu de pistes où les reporters dépassent parfois les flics, flirtant dangereusement avec les limites de la légalité. Car dans cette course effrénée à l’info, l’éthique devient floue, la morale vacille, et l’humain s’efface.
Dans ce climat tendu, Sami Bouajila s’impose d’emblée. L’acteur, qu’on avait déjà admiré dans Indigènes ou plus récemment dans Un fils, incarne avec justesse et intensité ce professionnel aguerri, rongé par ses propres contradictions. Une performance sobre, maîtrisée, qui donne le ton.
Mais c’est Mallory Wanecque qui crève littéralement l’écran. Révélée dans Les Pires, elle confirme ici tout le bien qu’on pensait d’elle, et plus encore. Son personnage évolue au fil du récit, gagnant en épaisseur, en complexité, en force. Elle capte la lumière, impose sa présence, et montre qu’elle a tout d’une grande. Une actrice à suivre de très près.
Autour d’eux, les seconds rôles sont loin de faire de la figuration. Jean‑Pierre Darroussin, qu’on ne présente plus (Le Havre, Le Cœur des hommes), apporte à son personnage une gravité bienveillante, presque paternelle. Stefan Crepon, remarqué dans Peter von Kant de François Ozon ou Les Amandiers, joue sur une partition plus trouble, plus nerveuse, ajoutant encore à la tension générale du film.
La mise en scène, signée Peter Dourountzis, est d’une efficacité redoutable. Le réalisateur jongle habilement entre scènes d’observation et moments de tension pure. Il capte l’urgence, l’adrénaline, mais sait aussi poser sa caméra pour laisser les émotions respirer. Le tout porté par une photographie soignée et un montage millimétré.
Et puis, il y a ce final. Puissant. Brutal. Inattendu. Le genre de conclusion qui vous suit encore une fois les lumières rallumées. Parce que Rapaces, derrière son récit de journaliste borderline, parle aussi de notre époque, de ses dérives médiatiques, de ses obsessions pour le sensationnel, et de ce qu’il en coûte de vouloir tout montrer.
Rapaces n’est pas juste un bon film français. C’est un polar tendu, humain, viscéral. Un film qui ose, qui tranche, qui mord. Un film qu’il serait dommage de rater.
Photos: Zinc
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