Twitter : #LaPampa
Titre VO :
Réalisateurs : Antoine Chevrollier
Acteurs : Amaury Foucher, Sayyid El Alami, Artus
Durée : 1H43
Date de sortie : 5 février 2025
En voilà un superbe film que « La pampa« .
Que peut-on dire de ce film, si ce n’est qu’il ne peut laisser indifférent, qu’il risque de vous faire pleurer et que vous serez impressionné par la distribution. Cependant, en observant le synopsis et l’affiche, je me suis interrogé sur l’envie de voir un autre film sur l’homosexualité chez les jeunes ; sujet très populaire au cinéma au point de susciter finalement non pas de l’envie, mais un léger désintérêt. Bien sûr, le sujet revêt une grande importance et il est nécessaire d’en discuter, mais cette sensation de voir chaque distributeur et chaque réalisateur s’y plonger génère une forme de lassitude et, selon moi, dessert presque l’importance du sujet surtout que souvent c’est la même recette ici et là avec simplement un autre casting.
Cependant, ce qu’Antoine Chevrollier propose avec ce film est bien plus captivant et intéressant que les propositions de nombreux de ses collègues réalisateurs et surtout scénaristes qui plongent régulièrement dans la simplicité. Il est évident que nous avons les passages traditionnels du genre concernant le coming out forcé, le meilleur ami qui découvre et se pose des questions, les problèmes familiaux, le regard des autres… Cependant, Antoine Chevrollier réussit principalement à parler de tout cela avec justesse et sans gros sabots, pour finalement se focaliser sur l’amitié entre les deux protagonistes et le danger de la masculinité encore parfois exagérée ailleurs que dans les grandes villes… Finalement, il est là le sujet principal du film.
Alors même que l’homosexualité semble en effet mieux acceptée dans les grandes villes et même si elle est mise en avant (et parfois dans le seul but de créer du buzz ou de se donner une bonne image), il existe encore des villages où cela est mal perçu, moqué, impensable… et c’est ce que ce film nous propose.
La pampa nous montre que l’homosexualité est encore dans certains endroits un tabou et que cela peut évidemment entrainer des conséquences violentes. Puis, au-delà des endroits, il y a aussi le milieu dans lequel on évolue et dont l’image de l’homme est bien encrée et bien actée, ce qui est le cas de l’univers du MotoCross que pratique le personnage principal du film. Comment faire du Cross, aimer les grosses motos et en cachette avoir une relation avec un homme… Cela n’est pas compatible, n’existe pas et cela ne doit pas se savoir !
Antoine Chevrollier maîtrise de bout en bout son film, avec un rythme impeccable, propose des astuces techniques intéressantes pour donner vie à l’histoire (l’utilisation d’une Go Pro pour filmer une course de moto en POV), et une fois ce dernier terminé, nous laisse avec cette impression d’une œuvre d’apparence simple, mais surtout parfaitement réalisée.
Il est important de souligner que dans sa mission, Antoine Chevrollier a bénéficié d’un casting trois étoiles où chaque rôle est exceptionnellement interprété. Qu’il s’agisse d’Amaury Foucher dans son premier rôle important et loin d’être simple ou de Sayyid El Alami qui, à nouveau, crève l’écran en passant par l’excellence de jeu de Damien Bonnard, un acteur incroyable, tous délivrent quelque chose de fort !
Et puis il y a Artus, le comique, l’amuseur d’Instagram, le héros au 10 millions d’entrées qui se retrouve ici et… Nous montre à quel point il est un très grand acteur, à même de proposer deux performances radicalement différentes sur deux projets aussi rapprochés. Qu’on se le dise, on a sans doute sous nos yeux un autre Patrick Timisit, à savoir un humoriste capable d’enrichir ses personnages avec une humanité forte et une puissance de jeu dramatique incroyable.
Il est rare qu’un film soit aussi touchant, mais la combinaison entre les prestations d’acteurs, le scénario exceptionnel et la réalisation remarquable en font l’un de mes films préférés de l’année, et oui… Les larmes s’écoulèrent.
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