Critique de « Grâce à Dieu »

Twitter : #GraceADieu @MarsFilms @francois_ozon

Titre VO :

Réalisateur : François Ozon

Acteurs : Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Josiane Balasko…

Durée: 2h17

Date de sortie : 20 février 2019

Une nouvelle fois encore, François Ozon s’apprête à montrer qu’il est l’un des réalisateurs aux mutliples facettes les plus talentueux dans l’horizon du cinéma français actuel. Que l’on n’aime ou pas certains de ses films, l’effet est à la fois le même depuis quelques années maintenant : son cinéma dérange, marque, ne laisse pas le spectateur en reste… Et une fois n’est donc pas coutume, avec Grâce à Dieu, il nous aura fallût une légère période de « digestion » durant les quelques jours qui auront suivi la projection. Mais cette fois, c’est bon on peut clairement vous en dire tout ce qu’on en a pensé, de façon claire et concise.

Grâce à Dieu est telle une grosse claque, qui retentit encore à l’instant où nous écrivons ces lignes. Mais pas le genre de claque super positive ou à l’opposé, négative. Non, le genre où l’on sait pertinemment que le propos exposé est dur, poignant, superbement bien traité mais qui met à l’épreuve bien plus que notre simple avis ou opinion. Comme le réalisateur nous l’a si bien expliqué à l’issue de la séance : c’est davantage une question de foi.
Et quand bien même on savait son cinéma dernièrement axé principalement sur la question de morale ou de voyeurisme (Dans la maison, en passant par Une Nouvelle Amie), on ne le pensait pas venir s’atteler à un telle thématique.

On ne vous refait pas l’histoire en détails mais dans les grandes lignes : le film raconte les origines de la création de « La Parole Libérée », mouvement ou plutôt groupe social lancé par Alexandre Dussot-Hessez il y’a quelques années pour recueillir les témoignages des abusés de certaines figures de l’Eglise Catholique. Une histoire dont énormément d’affaires ont découlées et dont certaines suivent toujours leur cour actuellement. Le film sort donc à une période plus qu’essentielle et importante.

C’est Melvil Poupaud, la fameuse Laurence Anyways de chez Xavier Dolan qui accepte d’endosser le rôle du premier fondateur du mouvement, et il est suivi de près par deux autres acteurs qui font parti de ceux qu’on aime le plus dernièrement dans notre cinéma : Swann Arlaud et Denis Ménochet. Et on est déjà obligés de s’arrêter là un bref instant pour souligner à quel point le trio fonctionne vraiment bien, en délivrant des figures radicalement différentes les unes des autres ce qui nous permet forcément, avec plus d’aisance, de pouvoir s’identifier à eux. On suit alors le parcours et la naissance difficile de ce combat non pas contre mais pour l’Eglise. Pour que les mentalités changent.

Et… ça marche bien. Pas toujours de façon très pertinente, certes. On regrettera que le film ne parvienne pas à suivre une certaine linéarité qu’il propose dès les premières minutes (la voix-off du personnage d’Alexandre qui disparait tout simplement des 2/3 restants du film) et surtout qu’il s’étend très souvent sur la restitution de TOUS les moments phares de l’affaire (et ça dure quand même près de 2h20…, ce qui est très long) mais le message passe néanmoins malgré ces défauts pouvant en rebuter certains.

Grâce à Dieu est un film de fait divers qui sort à une période importante où on ne pourra que difficilement lui passer à coté. Servi par de très bons acteurs et motivé par un réel désir de voir la vérité rétablie, il devrait logiquement faire parler de lui. De nôtre coté, on vous le conseille, d’autant que c’est comme on vous le disait, un film qui se doit d’être pensé avec beaucoup de recul par la suite. Intelligent et dérangeant.

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