Kate Ryan, la fierté belge qui fait encore danser les classiques
Alors que Kate Ryan vient tout juste de sortir une reprise électro de “Casser la voix”, j’avais envie de lui rendre un petit coup de projecteur. Et pour plusieurs bonnes raisons.
D’abord, parce que Kate Ryan, c’est bien plus qu’un nom qui claque : c’est une icône de la Dance Music qui a fait bouger toute une génération. Et puis surtout, c’est une artiste belge, tout comme moi — et ça, forcément, ça me parle.
Avant qu’Angèle, Stromae ou encore Helena ne mettent la Belgique sur la carte de la pop moderne, il y a eu elle. Kate Ryan, cette artiste qui, entre deux tubes calibrés pour les clubs, a su faire rayonner notre pays bien au-delà de ses frontières.
Qui a oublié “Mon cœur résiste encore”, “Scream for more” ou surtout sa version culte de “Désenchantée” ? Une reprise audacieuse de Mylène Farmer, devenue un classique à part entière et qui a prouvé qu’on pouvait électriser la variété française sans la dénaturer.
Pendant des années, Kate Ryan a enchaîné les tubes, fait vibrer les clubs et porté haut les couleurs de la Dance Music made in Belgium. Elle a même tenté l’aventure Eurovision pour représenter notre pays… mais malheureusement, le public n’a pas toujours été au rendez-vous. Injustement boudée ? Clairement.
Et pourtant, difficile de nier l’impact qu’elle a eu sur toute une génération. Avec son style bien à elle, Kate a réussi à faire danser l’Europe entière, sans jamais renier son amour de la musique made in France.
Alors aujourd’hui, à l’occasion de son retour surprise avec une reprise électro de “Casser la voix” de Patrick Bruel, on vous propose de (re)plonger dans quelques-uns de ses plus gros hits.
Parce qu’avant tout, Kate Ryan, c’est ça :
Un son, une énergie, une fierté belge… et des classiques qui n’ont jamais quitté nos playlists.
Souvenez-vous de son tube emblématique « Désenchantée »
Mais Avant d’exploser aux oreilles du grand public, Kate s’était déjà fait remarquer avec deux titres percutants : Scream for more et UR (My Love), qui avaient su trouver leur public, surtout en Belgique. Mais c’est avec son troisième single que tout bascule. Une reprise audacieuse, un véritable coup de maître, qui propulse l’artiste vers une popularité fulgurante et signe l’arrivée d’un tube devenu incontournable.
Le titre grimpe jusqu’à la 9ᵉ place des charts en Belgique, confirmant que Kate tient là quelque chose de spécial. Mais elle ne s’arrête pas là : flairant l’engouement pour la pop francophone, elle ose une adaptation en français. Mon cœur crie encore voit le jour, dans l’esprit de la vague “Désenchantée”, et vient renforcer ce succès naissant. C’est ce pari audacieux qui finira par installer Kate comme une véritable sensation.
Et le pari est gagné : la version française fait encore mieux que l’originale en Belgique, atteignant la 7ᵉ place des charts. Très vite, le succès déborde des frontières et Kate s’impose partout en Europe, de l’Allemagne à l’Autriche, en passant par l’Espagne et la Norvège.
Mais en France, le titre reste un cran en dessous du raz-de-marée Désenchantée. Alors, Kate joue une nouvelle carte, et pas n’importe laquelle : elle retourne puiser dans l’univers de Mylène Farmer. Après tout, cette connexion semble lui porter chance… et c’est ainsi qu’elle décide de s’attaquer à un autre monument : Libertine.
Mais cette fois, la magie n’opère pas. La reprise de Libertine connaît un succès bien plus timide : à peine 40 000 ventes en France, loin des plus de 100 000 exemplaires écoulés pour Désenchantée.
Qu’importe, Kate rebondit. En 2002, elle dévoile son tout premier album, Different, un disque qui rassemble plusieurs de ses tubes et qui s’impose comme un joli succès. Ce premier opus installe définitivement l’artiste dans le paysage musical français… et surtout européen.
Pourtant, la suite sera plus chaotique. Les années suivantes s’avèrent plus difficiles sur le continent, malgré des morceaux solides comme Only If I et même une nouvelle reprise – en anglais et en français – du classique de Cock Robin The Promise You Made, rebaptisé La Promesse.
La reprise de The Promise You Made séduit par sa version originale, mais la déclinaison française laisse un goût plus mitigé. Et le public, lui, ne suit pas vraiment… sauf en Allemagne, curieusement friande de français. Preuve en est : la version française se hisse dans le Top 20 allemand, quand l’anglaise passe totalement inaperçue.
Puis vient la ballade Goodbye, censée dévoiler une autre facette de Kate Ryan. Mais l’essai tombe à plat, et l’ère de son second album Stronger se referme sur une impression d’inachevé. Certains commencent même à murmurer que Kate Ryan ne serait qu’« une chanteuse d’un seul tube »…
Mais 2006 change la donne. Cette année-là, Kate veut retrouver les sommets et elle voit grand. Très grand. Elle mise tout sur un défi de taille : l’Eurovision. Avec Je t’adore, un titre calibré, ultra-efficace et armé d’un potentiel énorme, Kate espère bien rafler la victoire. Le morceau séduit déjà en Allemagne, en Suisse, en Suède… Tout semble prêt pour un grand retour triomphal.
Et pourtant… c’est la douche froide. Avec seulement 69 points en demi-finale, Je t’adore termine 12ᵉ sur 23 et s’arrête net aux portes de la finale. Une élimination cruelle, une immense déception pour Kate et pour la Belgique, qui espérait briller sur la scène de l’Eurovision.
Mais Kate Ryan n’est pas du genre à abandonner. Portée par la visibilité retrouvée grâce au concours et par un succès qui reste solide en Europe, elle enchaîne les sorties. Parmi elles, un titre en français au nom évocateur : Alive.
Peu à peu, la vague dance qui a porté Kate Ryan commence à s’essouffler en Europe. En 2006, l’univers musical change et son style, calibré pour briller dans les 90’s, semble presque arrivé… un peu trop tard.
Pour conclure la promotion de l’album Alive, Kate tente un virage subtil avec All for You. Toujours dans la veine dance, le morceau adopte un son plus en phase avec les tendances des années 2000. C’est frais, c’est sympa… mais une question plane : est-ce vraiment ce que le public attend de Kate Ryan ?
La Belgique, qui avait clairement boudé l’ère Alive, semblait s’éloigner de Kate Ryan. Mais l’artiste n’a pas dit son dernier mot. Elle prépare un retour malin, en misant sur ce qui a déjà fait sa force : une reprise. Et pas n’importe laquelle…
Kate s’attaque au mythique Voyage Voyage de Desireless — un classique intemporel — et signe ainsi un come-back que personne n’avait vu venir.
C’est le carton plein : Voyage Voyage grimpe jusqu’à la 2ᵉ place des charts en Belgique. Le public adhère, et Kate Ryan s’impose un peu plus comme la reine des reprises de tubes français. Avec ce titre, elle parvient à recréer la même magie qu’avec Désenchantée, touchant une nouvelle fois le cœur des auditeurs.
Mais avant de confirmer ce statut avec Ella, elle l’a, Kate change de cap et surprend. Elle dévoile l’un de ses morceaux les plus réussis, un titre original et puissant : L.I.L.Y. (Like I Love You).
Moins accrocheur en anglais qu’en français, L.I.L.Y. (Like I Love You) ne décolle pas vraiment : un succès mitigé en Belgique, et presque aucune trace ailleurs. Une nouvelle fois, Kate Ryan laisse planer une incompréhension totale autour de sa carrière. Comment une artiste solidement installée dans la scène dance, capable de livrer des singles hyper efficaces, ne parvient-elle pas à convaincre avec ses morceaux originaux ?
Puis arrive Ella, elle l’a. Le titre cartonne et renforce cette impression tenace : pour exister, Kate Ryan semble condamnée à revisiter des tubes français. Une réalité frustrante… car derrière chaque reprise se cache une artiste qui, elle, n’a jamais cessé de vouloir proposer ses propres chansons.
Ce single n’allait certainement pas être la dernière reprise de Kate Ryan. Les années suivantes, l’artiste continue d’explorer le patrimoine de la chanson française, cette fois en piochant dans le répertoire de France Gall. Évidemment et Babacar passent à la moulinette Ryan… et le pari est payant : le public suit !
Et c’est là que la surprise arrive. Là où la ballade Goodbye avait laissé un goût amer, Évidemment prouve tout le contraire. Bien écrite, parfaitement portée, elle révèle une facette plus fragile et plus subtile de Kate Ryan, prouvant que, oui, elle peut aussi briller sur des ballades.
Ces singles sont tirés de French Connection, sans doute l’un des meilleurs albums de Kate Ryan, une véritable déclaration d’amour à la chanson française remixée à la sauce dance.
Puis vient 2012 et un tournant : Kate dévoile Electroshock, son dernier album en date. De ce disque jaillit l’un de ses plus grands singles, l’énergique Lovelife, qui pioche un sample audacieux dans Narcotic de Liquido et en fait un hymne électro survolté.
Après ça, la machine à disques d’or s’essouffle. Comme beaucoup d’artistes des années 2000, Kate continue tout de même à tracer sa route : quelques singles par-ci, des apparitions télé par-là, des tentatives pour se réinventer — mais plus aucun album ne verra le jour.
Il reste pourtant de belles pépites dans cette période : l’entraînant Robots, l’émouvant Not Alone (malgré un clip pour le moins… discutable) ou encore une reprise marquante de Runaway (Smalltown Boy) de Bronski Beat.
Et parmi ses reprises les plus marquantes de cette période, impossible de ne pas citer Wonderful Life. Sortie en 2016, cette version touchante montre une Kate Ryan plus sobre, plus émotive, et prouve qu’au-delà de la dance survitaminée, elle sait aussi émouvoir avec une délicatesse inattendue.
2016 marque aussi une nouvelle tentative de comeback pour Kate Ryan. Cette fois, elle mise encore sur une reprise culte de la chanson française : Comment te dire adieu de Françoise Hardy. Mais cette fois, la magie n’opère pas. Le titre peine à convaincre et, il faut le dire… le résultat est clairement en dessous des attentes.
Étrangement, cette reprise de Comment te dire adieu trouve tout de même son public en Belgique, offrant à Kate Ryan un petit moment de lumière dans son propre pays.
Puis, deux ans plus tard, elle revient avec un single qui change la donne : Bring Me Down. Cette fois, Kate renoue avec ce qu’elle fait de mieux — la dance — mais avec un son modernisé, parfaitement en phase avec l’époque. Résultat : un titre puissant, efficace, et un rappel que Kate Ryan n’a jamais vraiment quitté son trône de reine de la dance.
Avant de marquer une longue pause, Kate Ryan tente une nouvelle mue artistique et sort l’exceptionnel Wild Life. Nous sommes en 2019, et alors que la planète n’a pas encore basculé dans la vague country-pop, Kate ose injecter ces sonorités dans sa dance. En avance sur son temps, le morceau avait tout pour cartonner… mais il passe malheureusement inaperçu.
Pourtant, ses choix artistiques sont les bons. La preuve avec Gold, en collaboration avec Sam Feldt, un titre solaire et accrocheur qui s’impose sans peine comme l’un des meilleurs de toute la carrière de Kate Ryan.
Même si Kate Ryan ne sortira plus beaucoup de nouveaux morceaux par la suite, elle ne disparaît pas pour autant. Loin de là. Elle continue d’enchanter son public à travers des collaborations bien choisies et de nombreuses tournées, prouvant que, plus de vingt ans après ses débuts, son énergie et son univers font toujours vibrer les foules.



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