Critique de Marche ou crève

Marche ou crève

8.7

Scénario

9.2/10

Casting

9.0/10

Réalisation

8.5/10

Bande originale

8.0/10

Les pour

  • Très bon casting
  • Histoire fort et prenante

Twitter : #MarcheOuCreve #theLongWalk

Titre VO : The Long Walk  

Réalisateur : Francis Lawrence  

Acteurs : Cooper Hoffman, David Jonsson, Mark Hamill, Charlie Plummer, Judy Greer  

Durée : 1h 48 min  

Date de sortie en France : 1er octobre 2025 

Quand on évoque Stephen King, impossible de ne pas penser aux clowns maléfiques, aux maisons hantées, aux monstres venus d’ailleurs ou encore aux récits hallucinés qui ont fait sa renommée. Pourtant, on oublie souvent que King est aussi un maître du suspense psychologique, capable de glacer le sang avec des histoires d’une simplicité désarmante. Cujo ou Stand by Me en sont les parfaits exemples, et Marche ou Crève vient s’inscrire dans cette même tradition.

Dès les premières minutes, le film installe un malaise particulier : pas de créatures surnaturelles, pas d’effets spéciaux tonitruants, mais une tension permanente qui s’insinue dans l’esprit. L’horreur ici n’est pas spectaculaire, elle est mentale, viscérale, presque insupportable. Ce n’est pas un hasard si l’histoire semble résonner encore plus fort aujourd’hui : bien avant l’ère des télé-réalités, des expériences extrêmes et des fictions comme Battle RoyaleSquid Game ou Hunger Games, Stephen King avait déjà imaginé un “jeu” à la fois simple et monstrueux, où la cruauté naît d’une règle implacable. Et en 2025, on se surprend à penser que ce cauchemar pourrait, un jour, sortir de la fiction.

La force du film signé Francis Lawrence réside dans son humanité. Car si les participants sont nombreux, le réalisateur prend le temps de nous accrocher à certains d’entre eux, de nous les rendre proches, familiers. Et chaque pas, chaque silence, chaque chute devient un déchirement. Plus l’histoire avance, plus le spectateur s’attache… et plus la douleur est vive lorsqu’un personnage disparaît, souvent sans prévenir. Impossible de s’habituer : l’angoisse devient constante, et les émotions, brutes.

Évidemment, le film n’est pas exempt de petits manques. On aimerait en savoir plus sur le contexte global, sur les origines de ce “jeu” ou encore sur certains parcours de personnages. Mais il fallait faire des choix, et cette épure permet d’éviter les longueurs tout en gardant une narration fluide.

Côté casting, les jeunes acteurs s’en sortent admirablement bien, chacun bénéficiant d’une personnalité bien définie et crédible. Mais c’est Judy Greer qui impressionne le plus : bouleversante en mère à la dérive, elle signe sans doute l’une de ses meilleures performances. Mark Hamill, quant à lui, campe solidement son rôle, mais son personnage étant volontairement limité, sa présence n’a pas l’impact qu’on aurait pu espérer.

Visuellement, Francis Lawrence s’affranchit de la monotonie qu’un tel sujet pouvait induire. Les séquences ne se limitent pas à de simples plans de marche : certaines scènes frappent par leur intensité, notamment lors des rares explosions de violence, filmées avec une précision chirurgicale. L’image respire, évolue, surprend, et la mise en scène, malgré ses contraintes, parvient à garder le spectateur accroché du début à la fin. Quant à la bande originale, elle se fait discrète mais parfaitement efficace, accompagnant les moments de tension avec justesse.

Alors bien sûr, certains spectateurs en quête de frissons spectaculaires ou d’horreur frontale risquent de trouver Marche ou Crève trop sobre. Mais c’est précisément dans cette sobriété que réside sa puissance. Francis Lawrence signe une adaptation tendue, troublante, marquée par une tension psychologique rare. Et surtout, un film qui ne vous lâche pas une fois sorti de la salle.

Car Marche ou Crève est de ces œuvres qui, sous leurs dehors simples, se gravent en profondeur. Un film qu’on croit pouvoir oublier… et auquel on repense sans cesse, comme une marche infinie qui continue de résonner dans la tête. À ranger, sans hésitation, aux côtés des plus grandes adaptations de Stephen King. Oui, à ce niveau-là, il rejoint même Stand by Me.

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