Le Festival d’Avignon bat son plein, et cette année encore, Claudine est fidèle au rendez-vous. Mais attention, elle n’est pas seule à écumer les salles ! Depuis quelques semaines, Raphaël s’est invité dans l’aventure et partage ses coups de cœur (et parfois ses coups de griffe) avec une passion débordante.
Chroniques affûtées, regards curieux et enthousiasme contagieux : ses retours sont devenus un vrai rendez-vous pour tous ceux qui veulent vivre le festival autrement.
Et ce soir, il s’attaque à un géant du théâtre. Un classique, un pilier, une légende : “Le Malade Imaginaire” est au programme, et Raphaël nous dit tout. Préparez-vous, Molière n’a pas dit son dernier mot !
De nombreux spectacles mettent en scène, plus ou moins fidèlement, les œuvres de Molière. Rien qu’au Festival Off d’Avignon 2025, on en compte déjà une vingtaine. On pourrait alors se dire qu’on connaît les textes par cœur, qu’il n’est pas nécessaire d’aller les (re)voir, ou encore se sentir perdu face à cette abondance. Et pourtant, il y a une mise en scène qu’il ne faut absolument pas manquer : Le Malade Imaginaire, présenté par la Compagnie de l’Illustre Théâtre au Théâtre du Chêne Noir.
Avant d’exposer les partis pris audacieux de cette adaptation, rien de tel qu’un petit rappel de l’histoire. Argan, riche bourgeois hypocondriaque, s’invente chaque jour des maladies plus terribles les unes que les autres. Persuadé que cela viendra à bout de ses maux, il décide de marier sa fille Angélique à Thomas, un futur médecin. Mais Angélique est éperdument amoureuse de Cléante, ce qui va déclencher une confrontation aussi vive que touchante entre le père et la fille.
Molière est mort juste après avoir interprété le rôle d’Argan, faisant de cette œuvre sa dernière pièce. Pour Tigran Mekhitarian, le metteur en scène, Le Malade Imaginaire est celle où l’auteur explore le plus en profondeur les tréfonds de l’âme humaine. Fidèle à sa manière, Molière aborde des thèmes toujours d’actualité (alors imaginez à son époque) comme l’émancipation féminine, la solitude ou encore l’égoïsme. Ici, Angélique ne se laisse pas faire, et malgré une fidélité quasi sacrée au texte original, la mise en scène innove sur de nombreux points, rendant le spectacle particulièrement réjouissant.
C’est au cœur d’un décor modulable — une salle de bain qui devient lit, une table de banquet en un clin d’œil — que résonne une musique audacieuse et rythmée. Celle d’une guitare et d’une batterie, mais aussi celle des mots. Le texte de Molière est parfois rappé, toujours porté par des comédiens habités, tandis que des intermèdes musicaux accompagnent les changements de scènes et de costumes, faits à vue. On entendra des textes de Dinos et de PNL, ancrant la pièce dans une culture Hip-Hop forte, engagée et actuelle, parfois méprisée dans certains milieux, mais qui a tant à dire.
Le Malade Imaginaire trouve ainsi un écho puissant dans notre époque, en fusionnant théâtre classique et langage contemporain avec une maîtrise réjouissante. À découvrir au Théâtre du Chêne Noir à 15 heures (relâche les mardis). Une pièce à la croisée d’univers multiples, pourtant familiers à chacun.
Crédit photo : Laura Bousquet
Article: Raphaël H.
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